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Des pistes pour réduire la dépendance française aux engrais azotés

Malgré des améliorations pour diminuer la consommation d'engrais azotés, le SGPE souligne des « trajectoires encore au-deçà des objectifs » de planification écologique.

Malgré des difficultés à ne pas négliger, le Secrétariat général à la planification écologique encourage la réduction de la consommation française d’engrais azotés, et propose plusieurs pistes pour remédier à la forte dépendance aux importations.

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Près de 80 % de la consommation de fertilisants azotés en France est importée, une dépendance « source de vulnérabilité » pour les filières agricoles, alerte le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE). Malgré des améliorations, le SGPE souligne des « trajectoires encore au-deçà des objectifs » de planification écologique à l'horizon de 2030, lors d’un point d’étape réalisé en mai 2024 dans le cadre du plan « Mieux se nourrir ».

En 2023, le gouvernement s’est donné comme objectif de réduire la consommation d’azote de 30 % d’ici à 2030, afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre liées, ainsi que la pollution des eaux par les nitrates. Face à l’enjeu, le SGPE avance plusieurs pistes pour diminuer la consommation d’azote dans les filières agricoles. La régionalisation des productions et la baisse de rendement des légumineuses, pourtant stratégiques pour la fixation de l’azote et réduire les besoins en intrants, font partie des obstacles majeurs.

« Dépendance devenue source de vulnérabilité »

Parmi les 80 % de fertilisants azotés importés, 54 % proviennent de pays non-européens. Le SGPE souligne cette situation devenue « source de vulnérabilité », ajoutant que la Russie est le troisième fournisseur de la France. Une dépendance qui représente par ailleurs un déficit commercial de près de 2 milliards d’euros.

Autre point de vigilance, la consommation d’engrais représente des charges importantes pour les agriculteurs, en particulier les céréaliers. À titre d’exemple, un exploitant en grandes cultures consacre « environ 50 % de son EBE disponible à l’achat d’engrais », estime le SGPE.

Des impasses économiques et techniques non négligeables

Un des principaux obstacles à la réduction de la dépendance aux importations vient de la concentration des productions par régions. Les effluents disponibles se situent dans les régions d’élevage, soit la Bretagne, la Normandie, les Pays de la Loire, ou encore à proximité du Massif central, « presque à l’opposé des régions consommatrices d’azote ».

D’autre part, l’analyse réalisée par le SGPE identifie des difficultés concernant la production de légumineuses, dont les « rendements sont en baisse depuis 2020 », conséquence d’une sensibilité au changement climatique et de l’absence de recherche génétique récente. Les légumineuses souffrent par ailleurs d’une faible valorisation économique par rapport à d’autres cultures.

À la liste des impasses techniques et économiques, vient s’ajouter le coût élevé de l’azote « décarboné », expliqué par des coûts de production importants.

Des leviers pour diminuer les besoins en azote

Néanmoins, le service ministériel affirme que la consommation d’engrais diminue depuis 2019-2020. « Les émissions de gaz à effet de serre liées aux engrais, qui comptent pour 16 % des émissions agricoles, affichent une baisse globale qu’il convient de sécuriser. »

Afin d’accélérer la réduction et sécuriser les avancées déjà réalisées, « un plan engrais est en cours de lancement », précise le SGPE. Il devrait « mobiliser et mettre en cohérence l’ensemble des leviers et politiques existantes ».

Au sein de ce plan, plusieurs politiques publiques déjà existantes sont à renforcer ou compléter, selon le service ministériel, telles que :

Le service du gouvernement propose aussi de renforcer les programmes régionaux nitrates, les MAEC, et le Label bas carbone sur les grandes cultures.

La mise en œuvre de tous ces leviers d’action doit permettre d’augmenter la fixation symbiotique de l’azote grâce aux légumineuses, ainsi que la disponibilité de l’azote organique à partir des effluents d’élevage.

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